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dimanche 6 décembre 2009

Ibn Hânî : La flotte fatimide et le feu grégeois

Le feu grégeois, représenté dans le manuscrit Skylitzès, XIIe siècle, Madrid

La puissance de leur flotte navale assura aux Fatimides la suprématie en Méditerranée pendant un demi-siécle. Le poème ci-dessous à une valeur documentaire. Ibn Hânî y décrit la flotte fatimide et le feu grégeois, cette arme qui était utilisée lors des batailles navales et provoquait des dégâts dévastateurs. Ibn Hânî commence d'abord (vers 30 à 41) par un plan général des navires de combats dont les ponts étaient surmontés d'une sorte de tente-abri pour les officiers et les chefs militaires ; dès qu'ils aperçoivent la flotte ennemie, ils déploient leurs bannières. Ensuite, il décrit (vers 42 à 47) le redoutable feu grégeois et sa puissance de frappe. Le mélange de naphte et de poudre utilisé pour la fabrication du feu grégeois résistait à l'eau et les vagues portaient le feu jusqu'aux bâtiments ennemis. Le poème se termine (vers 50 à 57) par l'évocation des différents sortes de bâteaux composant la flotte fatimide : des barques rapides propulsées à la voile aussi bien qu'à la rame, des bâtiments de commande ornés d'étoffes précieuses, et des navires d'attaques recouverts d'épais blindages.
Mohammed Yalaoui précise que "la précision avec laquelle Ibn Hânî décrit la flotte fatimide ne semble pas due à un enthousiasme de commande ; il a dû assister, en témoin oculaire, au départ et à l'arrivée de ces navires triomphants qui ont assuré pendant un demi-siècle, la domination fatimide en Méditerranée".

Pièce XIII du Diwân

30. "J'en jure par ces coursiers des mers qui prennent le départ à la nuit ; j'atteste qu'ils sont secondés par des forces innombrables

31. Surmontés de dais chatoyants, ils ressemblent à ces tentes qui dérobent aux regards les bédouines aux cils de gazelle ; cependant ces voiles ne recouvrent pas les belles, mais des guerriers à la vaillance de lions...

35. Le chef byzantin fut saisi de les voir surgir, toutes bannières déployées, leurs voiles claquant au vent...

38. Les étendards, fixés à la cime des mâts, grandissaient les navires, édifices imposants érigés sur une assise rien moins que solide...

40. N'était leur mouvement rapide, on les eût pris pour des montagnes majestueuses, car ils avaient aussi des sommets altiers et des pics menaçants

41. [Rapides comme des] oiseaux, mais oiseaux de proie dont la pâture ne peut être que d'âmes [ennemies]

42. [Ces navires] lancent des flammes qui s'embrasent pour consumer l'ennemi ; ces foyers, le jour du grand combat, ne s'éteignent jamais

43. Grondant de colère, ils échangent des jets ardents, tels des langues de feu sortant de leur géhenne

44. Comme l'éclair qui foudroie, un souffle brûlant se précipite hors des bouches d'acier sifflantes...

46. Les braises incandescentes flottent sur l'eau comme des plaques de sang parsemant des étoffes sombres

47. Comme la chandelle qui se nourrit de son huile, elles adhèrent aux flots et y trouvent leur aliment...

50. Ces barques, fins coursiers qui n'ont pour rênes que les vents, et pour parcours que les bulles de l'écume...

52. Bien que venues au monde sans membres, ont de longs bras à l'écartement large ; vierges chastes, elles recèlent cependant [dans leurs flancs] une nombreuse progéniture...

54. Elles [ces barques] glissent, couvertes de mousselines légères tissées d'or dans leur trame serrée...

57. Et si tant est que celles-ci ont revêtu les tuniques brodées, d'autres sont protégées par des cuirasses et des boucliers".

Oeuvre du miniaturiste algérien Mohamed Racim

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